Buck, sa myélopathie dégénérative et son chariot

Quelques mots sur mon chien Buck et sa maladie : la myélopathie dégénérative

Buck, adopté à la SVPA de Ste Catherine à Lausanne, en Suisse, était mon adorable chien qui nous a quitté le 23 novembre. Je disais que Buck était le « meilleur chien au monde ». Il était d’une gentillesse incroyable, et m’accompagnait dans mon travail de vétérinaire. Malheureusement Buck a été atteint de myélopathie dégénérative, une maladie qui paralyse progressivement le corps. 

À son adoption, Buck n’avait aucun symptôme. C’était un chien qui arrivait à se déplacer, courir, et jouer normalement. Ses problèmes de mobilité ont commencé quelques années plus tard, avec l’apparition des faiblesses de son arrière-train, et il est progressivement devenu de plus en plus handicapé. 

En tant que vétérinaire, je savais qu’il fallait d’abord chercher et poser un diagnostic, puis regarder les options de traitement qui existent. Dans le cas de la myélopathie dégénérative, il n’existe aucun traitement médicamenteux. Buck a donc été soutenu par la physiothérapie, l’acupuncture, les plantes chinoises, l’alimentation fraîche, la chiropraxie et les massages. 

Heureusement, il existe des chariots pour chiens, qui offrent une solution pratique et efficace pour retrouver de la mobilité et mener une vie active et enrichissante. Cependant, un chariot pour un chien comme Buck, qui pesait 40 kg, représente un investissement financier non-négligeable, et il y a l’aspect psychologique à considérer. 

Dans ma vie professionnelle, j’ai eu plusieurs patients qui se sont retrouvés avec des problèmes de mobilité, de paralysie de type dégénératif. Plusieurs fois j’ai proposé un chariot pour mes patients, mais à aucun moment je n’ai pu convaincre mes clients des bienfaits. Lorsque je me suis moi-même retrouvée confrontée à cette situation, j’avoue avoir été perdue. 

Au sujet du prix, pour Buck à 40 kg, on peut facilement compter CHF 500 pour un chariot, auxquels il faut ajouter les équipements complémentaires, comme un harnais adapté ou des bottines qui sont très vite usées et doivent être remplacées.

Ensuite, il y a l’aspect psychologique, et c’est là que nous nous sommes posés le plus de questions : Était-ce juste de garder un chien handicapé en vie ? L’euthanasie est, après tout, une option de soulagement pour nos chiens, surtout atteints d’une telle maladie avec pronostic fatal. Cependant, comment pouvais-je laisser mon Buck sans solution ? Je n’étais pas prête à le laisser nous quitter :  sa tête allait bien, il était toujours joyeux et content d’être à mes côtés. Quand sa maladie a atteint un stade où ses déplacements devenaient difficiles, le chariot fut la seule décision à prendre. 

Après seulement quelques jours d’acclimatation à son chariot, Buck a pu à nouveau courir et jouer avec ses congénères. Plus sa maladie progressait, plus sa mobilité était réduite. Pourtant, il est resté actif, il a pu continuer à explorer, jouer, et conserver une certaine autonomie et de sa dignité : cela n’aurait jamais été possible sans mon aide, ni sans chariot. Une grande réussite dans la gestion de sa qualité de vie, malgré sa condition et sa paralysie. Buck était content ! On voyait clairement qu’il éprouvait du plaisir à être parmi nous. Le chariot a coûté environ 20 CHF par semaine, soit bien moins cher que certains médicaments pour les maladies chroniques ! 

Quant au regard des autres, j’ai été plutôt surprise. De nombreuses personnes nous ont arrêtés pour nous saluer et nous féliciter. Durant les 10 mois d’usage de son chariot, je n’ai eu que très peu de réactions négatives, et parmi les rares personnes qui ont exprimé leur désaccord avec ma décision, une seule l’a fait de manière véhémente. L’expérience a donc été positive de ce côté-là aussi. 

A la fin, je n’ai pas pu sauver mon Buck, ce qui est difficile pour un vétérinaire. Il a vécu presque 3 belles années après l’apparition des tout premiers symptômes. Aujourd’hui, mon regret est d’avoir hésité pendant autant de temps, et de ne pas l’avoir mis dans le chariot plus rapidement. J’espère que notre témoignage pourra vous aider à mieux aider les autres chiens handicapés, et leur permettre de mieux profiter de leur vie malgré leur invalidité.

Publié dans le Courrier des Bêtes, SVPA en avril 2024, no 518