Quand la médecine conventionnelle échoue : Réflexion sur la gestion holistique des troubles gastro-intestinaux chez le chien

Lors d’une rencontre fortuite durant mes vacances, j’ai croisé une dame dont le petit chien souffre d’une pathologie particulièrement délicate : reflux gastro-œsophagien et diarrhées chroniques. Cette situation est malheureusement familière à de nombreux propriétaires d’animaux, mais la complexité de ce cas m’a interpellé. Je souhaite partager cette histoire pour vous sensibiliser à l’importance d’une approche holistique dans la gestion des pathologies chroniques chez nos compagnons à quatre pattes.

Une quête infructueuse de solutions conventionnelles

Depuis des mois, cette dame essayait différentes solutions pour soulager son chien. Elle avait testé diverses croquettes spécifiques : « digestion », « hypersensibilité », mais sans grand succès. Face à ces échecs alimentaires, elle s’était tournée vers des rations ménagères en espérant une amélioration. Cependant, après quelques jours d’un régime à base de viande de cheval, ce fut la catastrophe. Elle essaya ensuite des semaines de poisson, mais là encore, les résultats étaient décevants.

Finalement, elle se résigna à utiliser des croquettes z/d de la marque Hills, réputées pour leur formulation spécifique, mais là aussi, peu d’amélioration. Son chien, malgré ces efforts, continuait à souffrir de reflux et de diarrhées. À ce stade, elle s’en remit à la médecine conventionnelle pour tenter de soulager son animal.

Un cocktail médicamenteux lourd de conséquences

Son chien fut prescrit quatre médicaments différents, dont deux antibiotiques (métronidazole et amoxiclav), ainsi que l’oméprazole et l’Ulcar, deux protecteurs gastriques utilisés pour contrôler l’acidité et protéger l’estomac. Si, individuellement, ces médicaments peuvent être bénéfiques dans certaines situations, leur combinaison et leurs effets potentiels sur le microbiome intestinal sont préoccupants, surtout pour un animal déjà fragilisé.

Le problème, c’est que chacun de ces médicaments perturbe, à des degrés divers, le microbiome intestinal. Le microbiome est l’ensemble des bactéries bénéfiques qui habitent le tube digestif et jouent un rôle essentiel dans la digestion, l’immunité et la santé générale de l’animal. Dans ce cas, les antibiotiques, en plus d’éliminer les bactéries pathogènes, peuvent également détruire les bonnes bactéries, aggravant les troubles digestifs. Le chien, déjà diagnostiqué avec une gastrite et entérite, principalement de type lymphoplasmocytaire (un type d’inflammation chronique de l’estomac et intestin confirmé par biopsie), souffre encore plus de ce traitement agressif.

Un cri d’alarme : Ne pas vacciner un chien malade

Lors de notre discussion, j’ai conseillé à cette dame de ne pas vacciner son chien dans cet état. La vaccination doit toujours être effectuée lorsque l’animal est en parfaite santé, car le processus mobilise l’énergie et le système immunitaire de l’animal. Malheureusement, malgré ce conseil, elle se retrouva chez un vétérinaire qui, non seulement procéda à la vaccination, mais administra également un antiparasitaire.

Cela soulève une question essentielle : pourquoi continuer à surcharger un organisme déjà épuisé ?

Une approche holistique comme « alternative » ou plutôt comme solution

En tant que vétérinaire holistique, je suis convaincue qu’il est crucial de revoir la gestion de ce type de pathologie dans sa globalité. Les traitements conventionnels, bien qu’utiles dans des situations aiguës, peuvent, dans des cas chroniques et complexes, aggraver la situation en ne prenant pas en compte l’état général de l’animal.

Voici quelques pistes que j’aurais proposées

1. Rééquilibrage du microbiome
Après un tel traitement médicamenteux, il est primordial de restaurer la flore intestinale. Cela pourrait inclure l’administration de la greffe fécale (FMT, Faecal Matter Transfer), le levure Saccharomyces boulardii en prébiotique, les probiotiques adaptés , ainsi qu’un régime alimentaire plus personnalisé et plus doux pour les intestins.

2. Alimentation anti-inflammatoire
Une alimentation adaptée aux chiens souffrant de troubles gastro-intestinaux, avec des protéines hypoallergéniques et des légumes cuits, pourrait aider à calmer l’inflammation chronique. L’utilisation d’ingrédients riches en acides gras oméga-3 (poisson gras, huile de lin) peut également jouer un rôle anti-inflammatoire important ainsi que la ration ménagère. 

3. Phytothérapie et supplémentation
Certaines plantes médicinales, telles que l’orme rouge, la réglisse déglycyrrhizinée, ou l’aloe vera sont connues pour leurs propriétés apaisantes sur le tube digestif et peuvent aider à soulager les inflammations. Il existe également des formules de plantes chinoises qui peuvent soulager et soigner, telle que la Bu Zhong Tang, ou la Liu Jun Zi Tang, pour laquelle il exist des recherches scientifiques montrant une aide avec du vidage gastrique. 

4. Gestion du stress
L’aspect émotionnel est souvent négligé, mais le stress peut exacerber les troubles gastro-intestinaux chez les chiens. Des techniques de gestion du stress, telles que le Qi Gong, l’aromathérapie, les fleurs de Bach ou même l’acupuncture, peuvent être intégrées dans un plan de soins holistique.

5. Éviter la surmédicalisation
L’utilisation simultanée de plusieurs médicaments doit être minutieusement réévaluée, car l’effet combiné peut souvent nuire davantage qu’il ne guérit. Une approche plus minimaliste, visant à soutenir l’animal plutôt qu’à éteindre des symptômes, doit être envisagée, notamment en réduisant progressivement les médicaments qui perturbent le microbiome.

6. L’acupuncture
L’utilisation de l’acupuncture est soutenue par diverses études scientifiques pour ces effets antidouleur, anti-inflammatoires et régulateurs de système immunitaire. 

Conclusion : L’écoute du corps et de l’animal

Cette histoire reflète la complexité des maladies chroniques et le besoin de traiter l’animal dans sa globalité. Au lieu de chercher des solutions rapides pour masquer les symptômes, il est essentiel de revenir à des principes plus doux et respectueux de la physiologie de l’animal. Cela inclut la restauration d’un microbiome sain, une alimentation anti-inflammatoire adaptée, et une prise en compte des aspects émotionnels et environnementaux qui peuvent aggraver les troubles.

La médecine holistique vise à écouter le corps de l’animal et à comprendre ses besoins profonds. Dans ce cas particulier, cela signifie éviter de surcharger un organisme déjà affaibli, et laisser le temps, l’alimentation et les traitements naturels faire leur travail.

J’espère que cet article pourra aider d’autres propriétaires confrontés à des situations similaires. La voie de la guérison n’est pas toujours linéaire, mais avec une approche bienveillante et holistique, il est possible de restaurer l’équilibre et la santé de nos fidèles compagnons.