L’alimentation crue et les chiots en croissance : attention aux erreurs !
En France et dans les pays européens francophones, de nombreux propriétaires d’animaux se tournent vers des méthodes comme, par exemple, celles de “Tribu Carnivore” ou “BARF Asso” pour nourrir leurs chiens et chats avec une alimentation crue. Si ces approches peuvent convenir à des chiens adultes en bonne santé, elles présentent des risques importants pour les chiots en pleine croissance.
Examinons pourquoi.
Les étapes d’introduction : une menace pour les chiots
Les deux méthodes recommandent des phases d’introduction similaires :
- La première étape consiste à donner du blanc de poulet cru, parfois accompagné de carottes ou d’huile de poisson.
- Ensuite, on introduit progressivement des os charnus crus, des abats, du poisson, puis d’autres viandes, notamment rouges.
Bien que cette approche puisse sembler anodine pour un chien adulte, elle est très dangereuse pour les chiots. En effet, des études ont démontré qu’un déséquilibre en calcium chez les chiots peut provoquer des anomalies osseuses graves, telles que des déformations des membres, une ostéodystrophie hypertrophique ou même un retard de croissance. Par exemple, une carence prolongée en calcium peut entraîner des fractures spontanées, tandis qu’un excès peut altérer le développement des articulations, augmentant le risque de dysplasie. Ces complications sont souvent irréversibles et compromettent la qualité de vie de l’animal.
Le calcium : un élément crucial pour les chiots
Les chiots, surtout ceux des grandes races (jusqu’à 2 ans), ne peuvent pas réguler leur taux de calcium comme les chiens adultes. Cela s’explique par leur système digestif et métabolique encore immature : les chiots absorbent tout le calcium contenu dans leur alimentation, même en excès, car ils n’ont pas encore développé les mécanismes physiologiques nécessaires pour ajuster l’absorption selon leurs besoins. Ce processus dépend également de la vitamine D, essentielle pour l’absorption intestinale du calcium et pour le maintien d’un ratio optimal de calcium-phosphore, crucial au développement osseux. Cela rend une alimentation soigneusement équilibrée essentielle pour éviter les déséquilibres potentiellement graves. Chaque repas doit contenir une quantité précise de calcium : entre 2,5 et 4,0 g par 1 000 kcal. Un déséquilibre peut entraîner des problèmes graves de développement neurologique, musculaire et articulaire — et ce, en moins de 24 heures !
Or, le blanc de poulet seul est presque totalement dépourvu de calcium et d’autres nutriments essentiels, tels que :
- Minéraux : sodium, chlorure, fer, cuivre, manganèse, zinc, iode ;
- Vitamines : A, D, E, B12 (cobalamine), B9 (folate) ;
- Acides gras : acide alpha-linolénique (oméga 3) et acide linoléique (oméga 6).
Bien que certaines théories préconisent l’ajout de carottes et d’huile de poisson, ces compléments ne suffisent pas à équilibrer les déficiences nutritionnelles.
L’introduction des os charnus : un équilibre difficile
En générale, la deuxième étape consiste à introduire des os charnus crus, généralement des cous de poulet pour les chiots. Si cela apporte du calcium, le dosage peut vite être excessif.
- Selon la calculatrice de Tribu Carnivore, la ration recommandée est de 50% d’os charnus et 50% de filet de poulet, ce qui entraîne un excès de calcium nuisible au développement des articulations.
- BARF Asso préconise une proportion plus sécuritaire (un tiers d’os charnus, deux tiers de filet de poulet), mais cela reste insuffisant pour éviter les carences et excès précités.
Enfin, l’introduction progressive d’autres viandes, poissons et abats peut durer de 6 semaines à 6 mois, une période critique durant laquelle les besoins nutritionnels du chiot ne sont pas couverts, ce qui peut entraîner des conséquences graves. À court terme, le chiot risque un retard de croissance, des troubles musculaires ou neurologiques, et une vulnérabilité accrue aux infections en raison d’un système immunitaire affaibli. À long terme, des déséquilibres nutritionnels peuvent provoquer des malformations osseuses irréversibles, des douleurs articulaires chroniques et une diminution significative de sa qualité de vie. Même à terme, les régimes basés sur ces méthodes restent souvent carencés en plusieurs minéraux, vitamines (notamment la vitamine E) et acides gras essentiels.
Pourquoi ces méthodes échouent-elles ?
Ces approches se basent sur l’idée de reproduire une alimentation « naturelle », mais elles omettent des éléments clés. En effet, les viandes issues de l’élevage diffèrent considérablement des proies sauvages en termes de composition nutritionnelle. Les proies sauvages incluent des éléments souvent absents dans les viandes d’abattoir, tels que le sang, riche en fer et en cuivre, la peau et les poils, sources importantes de manganèse et de zinc, ainsi que des viscères complets, qui fournissent une gamme variée de nutriments essentiels.
La solution : une alimentation équilibrée
Pour les adultes
Pour les chiens adultes, il est possible de suivre une approche crue en respectant les points suivants :
- Une rotation variée des viandes, avec une prédominance de viandes rouges et des abats de viande rouge.
- Une intégration régulière de poisson pour les oméga 3 et la vitamine D.
- L’ajout de noix, herbes, glandes, cerveau, sang, graines, peau et poils pour combler les carences potentielles.
Pour les chiots
Pour les chiots, la prudence est de mise :
- Consultez un vétérinaire nutritionniste avant même d’adopter un chiot. Un suivi régulier est indispensable pour ajuster les rations au fur et à mesure de leur croissance.
- Si vous ne pouvez pas consulter un nutritionniste, envisagez de nourrir votre chiot avec une alimentation industrielle bien formulée (idéalement humide) pendant la phase de croissance.
- Si vous souhaitez éviter les aliments transformés, optez pour des recettes crues ou cuites déjà équilibrées selon les standards FEDIAF.
Mes solutions pour une alimentation crue équilibrée
Dans ma boutique en ligne, vous trouverez :
- Des recettes complètes pour chiots et adultes, formulées selon les recommandations FEDIAF pour garantir un bon équilibre en calcium, phosphore, vitamines, minéraux et acides gras essentiels. Par exemple, une recette type pourrait inclure du poulet avec ses os charnus, du foie de bœuf pour les vitamines A et B12, une huile de poisson de qualité pour les oméga-3 essentiels, et une pincée de sel pour équilibrer les minéraux. Ces recettes contiennent le moins d’éléments synthétiques possible, privilégiant des ingrédients naturels. Elles peuvent être introduites progressivement pour faciliter la transition depuis des croquettes ou autres régimes.
- Des recettes « introductives » (Intro I, Intro II, etc.) s’inspirent des bases de BARF Asso et Tribu Carnivore, mais chaque étape est rééquilibrée selon les standards FEDIAF pour fournir une recette parfaitement adaptée. Par exemple, Intro I privilégie le blanc de poulet avec l’ajout de noix, d’huile, de sel, et d’un complément de minéraux et vitamines (CMV) synthétique, garantissant ainsi un apport complet en éléments essentiels pour la croissance.
De plus, une calculatrice gratuite sur mon site vous permet de déterminer la quantité exacte à nourrir, en fonction de la densité calorique des aliments (indiquée en bleu turquoise dans mes recettes). Pour garantir une croissance optimale :
- Pesez votre chiot chaque semaine, ajustez les rations, et suivez leur croissance, indice de condition corporelle et musculaire.
- Maintenez un score de condition corporelle entre 3 et 4 sur une échelle de 9.
Pour les chiens adultes, pesez-les toutes les 2 à 3 semaines lors de changements alimentaires.
Conclusion
L’alimentation crue peut être une excellente option pour vos chiens et chiots, à condition qu’elle soit rigoureusement équilibrée et que les bases d’hygiène soient respectées. N’hésitez pas à explorer mes solutions pour nourrir vos compagnons de manière naturelle et responsable. Leur santé en dépend !
